• Faut-il envisager une éthique du risque contre une éthique de précaution?

    Olivier Ihl traitera du thème dont voici les grandes lignes transcrites par Bernard Desbals, responsable scientifique du colloque.

    Jean Delville - Prométhée  

    Prométhée libéré contre Prométhée enchaîné (Eschyle, 500 avant J.C.), l’apprenti sorcier (Eucrates) de Lucien de Samosate (fin du  IIe siècle à Athènes), le docteur Victor Frankenstein de Mary Shelley (1816), le Faust de Goethe (sur 30 ans à partir de 1808) et Camus qui voit en Prométhée « le plus grand mythe de l’intelligence révoltée », l’ancêtre du rebelle (L’homme révolté, 1951), le mythe prométhéen où l’homme veut maîtriser la Nature sous-tend aujourd’hui encore le débat entre éthique du risque et éthique de précaution.


    Peut-on empêcher l’homme de vouloir toujours et toujours dévoiler la Nature pour en connaître les mécanismes et les lois ? La science a pour objectif d’aller plus loin encore dans la connaissance. Or ce savoir nécessaire à la pérennité de l’espèce face à la marâtre Nature devient opératif par ses applications dites technologies et déclenche des peurs.

    Dans l’infiniment petit naissent la peur du grand collisionneur construit à Genève qui fouille la matière primordiale, la peur de la génétique qui fouille la vie au plus intime. Toutes ces connaissances peuvent déboucher sur des savoir-faire et mais doit-on faire ? S’affrontent alors des opinions et des intérêts différents : ceux qui craignent pour le devenir du vivant et de la planète (OGM, vaccins, nanotechnologies à finalités médicales, etc.), ceux qui sont prométhéens et acceptent les risques en références historiques aux progrès matériels de l’Humanité grâce à la Science. Mais interviennent dans ces oppositions extrêmes la puissance du complexe militaro-industriel et l’économie capitaliste.

    Se pose alors le problème de la liberté de la recherche, car la science a un coût et ce coût est assuré par l’État et l’économie capitaliste. Qui finalise alors les recherches scientifiques ? L’État devrait prendre en compte les intérêts de la Nation, c'est-à-dire des citoyens. Mais l’État n’est pas neutre car il est politique et il est des domaines de la science qui peuvent lui paraître vains car sans intérêts immédiats. Le financement par l’économie capitaliste, lui, est nettement finalisé vers le profit.


    Une éthique de conviction accompagnée d’une éthique de responsabilité, selon l’expression de Max Weber, pourrait nous permettre de dépasser l’affrontement irrationnel entre le précautionnisme (dérive de l’éthique de précaution) et le risque à tout va du complexe militaro-industriel capitaliste.

    Heinrich Fueger - Prométhée apporte le feu à l'Homme

    La réflexion ouverte sans préjugés semble nécessaire tant il est vrai que rien n’expose plus à l’insécurité que le désir éperdu de sécurité.

    Cette conférence sera présentée par Olivier Ihl le samedi 14 mai à 16h.

     


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